5 questions posées à Sophie Loubet

Bonjour Sophie. Nous sommes honorées de pouvoir vous poser quelques questions aujourd’hui. Vous êtes très encourageante et inspirante ; nous avons donc voulu en savoir plus sur votre parcours !

 

Il y a quelques années, votre cancer des os a fait basculer votre quotidien. Serait-il possible de nous retracer votre histoire brièvement ? 

À l'époque, j'étais très sportive : handball, snowboard, tennis, vélo.....voir même un peu casse-cou.

Puis malgré quelques douleurs dans la jambe, j'ai continué jusqu'au jour où mon tibia s'est totalement brisé simplement en marchant dans la rue.

Diagnostic : ostéosarcome (cancer osseux). J'ai été très bien prise en charge. Mais, étalé sur 10 ans, j'ai eu de multiples traitements, opérations, poses de matériels et de nombreux cycles de rééducation. Un combat contre le Cancer mais qui malheureusement n'a pas suffit. Il ne m'a pas lâché et est revenu à de multiples reprises. Ce cancer, je le connais par cœur, je l'ai eu 4 fois et à chaque fois sous une forme plus agressive que la précédente.

 



En effet, à cause de votre ostéosarcome, vous avez dû subir une amputation fémorale en mai 2019. Comment avez-vous appréhendé cette nouvelle vie ?

J'ai toujours cru que j'allais m'en sortir et d'un tempérament optimiste ; dès que j'en avais l'énergie, je reprenais ma vie à 100%. Mais du coup je ne me préparais jamais à une éventuelle récidive. À chaque fois l'annonce du diagnostic m'était fatale. Je n'étais donc pas préparée à l'amputation non plus. J'ai eu 15 jours pour me préparer.

La seule chose qui m'importait était de reprendre ma vie telle que je l'avais laissée. Malgré les épreuves, j'avais réussi à construire quelque chose et j'espérais garder tout ce que j'aimais. Malheureusement, ça n'a pas été le cas. Le retour à la maison a été très difficile. Pas pour moi, mais pour les autres, qui n'ont pas réussi à accepter ma nouvelle différence. Peut-être était-ce de ma faute à toujours essayer de leur prouver que je n'avais pas changé.

 

Sur la description de votre dernier post Instagram, vous employez le terme “Reconstruite par le sport”. Comment vous a-t-il permis de dépasser votre handicap et de reprendre le contrôle de votre corps ?

À vivre des rejets sur rejets dans ma vie personnelle, à mon travail que j'avais repris...etc... Un jour je suis partie, j'ai tout laissé derrière moi et j'ai recommencé une nouvelle vie. Une vie que je voulais vivre. Je me suis rapprochée du monde du handicap, j'ai rencontré d'autres personnes amputées et j'ai fait de belles rencontres. J'ai pris le temps d'apprendre à vivre, et on m'a appris comment adapter les choses pour apprécier des nouvelles activités.

Comme un enfant qui apprend à marcher, puis à courir, j'ai réappris à faire du vélo, du snowboard, et j'ai même appris à faire du Wakeboard et un peu de surf.

À aucun moment dans ma vie d'avant j'aurais imaginé pouvoir faire tout ce que je fais aujourd'hui. On ne m'avait pas informé de toutes ces possibilités. Aujourd'hui je suis encore émue à chaque fois que je retourne sur la neige et que je peux dévaler des pistes à toute vitesse en snowboard. Car j'ai attendu cela pendant plus de 10 ans, et au moment de l'amputation, j'en avais même perdu l'espoir.

 

Vous participez à de nombreux événements sportifs et associatifs, vous accompagnez des malades dans l’Institut Bergonie, vous êtes marraine de l’association Génération Avant Garde et dernièrement vous avez participé au Raid Défis d’Elles. Que représente pour vous cet engagement caritatif et humain ?

Ce que j'ai découvert dans le monde du handicap c'est "l'entraide, la solidarité, le partage...." Beaucoup de valeurs que j'apprécie, qui me correspondent et qui n'étaient pas très présentes dans ma vie d'avant. J'aime cette vie pour ces valeurs-là. D'une certaine manière, à un moment donné, on m'a aidé aussi et on continue de m'aider. Il est naturel pour moi d'aider en retour maintenant que je le peux. Je ne me pose même pas la question, je suis tout simplement heureuse et honorée de participer à des évènements sportifs et associatifs qui mettent en lumière ces valeurs-là.

 

Pour terminer, avez-vous un message à faire passer aux personnes qui nous lisent et qui font face à une situation compliquée dans leur vie ?

Malgré les difficultés, il faut sortir de chez soi. La vie mérite d'être vécue, il y a toujours un moyen d'adapter des situations et de partager des bons moments avec les autres. Et c'est souvent pendant des moments de partage, que l'on se découvre de nouvelles capacités sportives qui vous aideront aussi dans votre quotidien. Des associations telles que "Génération Avant-Garde" sont là pour vous aider à continuer à vivre et développer ces nouvelles capacités. Et des Raid comme ceux de "Défis d'Elles" à les vivres de manière si intense que l'on se sent encore plus vivant qu'avant.

 

Nous vous remercions énormément d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Votre détermination donne envie d’être invincible face à tous les problèmes du quotidien. Votre mental est une réelle force et un exemple pour tous !


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