Interview de Laurène Sindicic, fondatrice de Émancipées !

Bonjour Laurène, un grand merci de nous accorder de votre temps et d’avoir accepté de répondre à nos questions !

Serait-il possible de nous parler de toi et de ton parcours ?

Je suis Laurène, j’ai 38 ans, 2 enfants mais 4 grossesses, un mari formidable et une entreprise qui l’est tout autant : Émancipées, qui est un média dédié au cycle féminin. 
Je n’ai pas toujours travaillé dans ce domaine, j’ai été avocate et j’ai travaillé en direction juridique pendant une dizaine d’années, et je me suis reconvertie dans l’observation du cycle et la restauration de la fertilité il y a environ 5 ans. J’ai ensuite fondé Émancipées, d’abord toute seule puis en m’entourant progressivement, et nous sommes aujourd’hui une équipe de 6 personnes passionnément occupées à rendre les femmes plus autonomes quant à leur fertilité !

Tu portes une attention particulière à pousser les femmes à être à l’écoute de leurs corps, ce qui nous parle beaucoup chez Keep A Breast car nous militons pour le dépistage du cancer du sein via l’autopalpation. Tu nous en dis plus ? 

Alors même qu’on évolue dans ce corps au quotidien, il est assez fou que, nous les femmes, on le connaisse si peu. Je crois que c’est parfois par gêne, parfois par manque d’information ou de transmission, et parfois par perte de contrôle du fait d’une délégation un peu trop grande au corps médical. Quoi qu’il en soit, j’ai fait le constat que, notamment quand elles se lancent dans la grande aventure de la conception d’un enfant, les femmes découvrent souvent qu’elles ne connaissent pas grand-chose au fonctionnement de leur corps, qu’elles l’ont souvent éteint pendant des années avec un contraceptif, et qu’elles ne savent ni l’écouter, ni l’observer, ni l’optimiser. 
L’exemple le plus flagrant, c’est ce que beaucoup appellent les “pertes blanches”, qui sont en fait de la “glaire cervicale” (oui le nom n’est vraiment pas très glamour), et qui ne sont ni sales, ni honteuses, ni aléatoires, mais corrélées aux variations hormonales du cycle féminin, et donc à l’ovulation. Donc en observant les évolutions de sa glaire cervicale, on peut savoir à tout moment si on s’apprête à ovuler ou non, et donc si on est fertile ou non. Et ça, c’est quand même sacrément utile, et ça nous rend tellement autonomes !
https://www.emancipees.com/glaire-cervicale/

Selon toi, comment savoir à quelle période du cycle féminin il est normal d’avoir la poitrine plus sensible, et à quelle période au contraire cela peut nous alerter ? (montée d’hormones etc,..)


Alors les seins sont la zone du corps la plus sensible aux fluctuations hormonales, leur aspect et leur sensibilité peuvent donc varier grandement selon les jours du cycle (et pendant la grossesse évidemment). Très schématiquement, les œstrogènes, qui sont présents en plus grande quantité en première partie de cycle, après les règles, développent les canaux galactophores et font donc “pousser” les seins : tandis que la progestérone, qui domine en seconde partie de cycle, après l’ovulation, faire apparaître des glandes à l’extrémité de ces canaux, donc fait “gonfler” les seins. 
Tout cela doit rester raisonnable, c’est-à-dire pas douloureux, on est juste censées ressentir une évolution. Si les fluctuations sont trop grandes, cela peut valoir le coup de consulter pour vérifier qu’il  n’y a pas un déséquilibre hormonal. 
En revanche connaître ces variations est très intéressant pour bien autopalper ses seins, et privilégier ce geste juste après les règles, lorsque les hormones (œstrogènes et progestérone donc) sont encore basses, et que les seins sont à leur état le plus “naturel”, sans influence hormonale. On peut alors chaque mois comparer quelque chose de comparable, et repérer plus facilement une excroissance. 


Est-il préférable d’avoir une méthode de contraception plus douce et naturelle plutôt que de privilégier la pilule contraceptive ? 


Alors j’ai une approche très pragmatique de la contraception, et je considère qu’il n’y a pas une bonne contraception dans l’absolu, mais une bonne contraception pour chaque femme et pour chaque période de sa vie. Mais effectivement, ce que je regrette, c’est le manque d’alternative proposée au combo pilule - stérilet - préservatif, et les amalgames qui existent autour de ce qu’on appelle les méthodes naturelles. On a tendance à mettre dans le même sac des vieilles techniques comme la méthode Ogino, la méthode des températures ou les calculs que peuvent faire les applis de suivi de cycle, et une approche bien plus moderne et surtout validée scientifiquement qu’est la symptothermie. Il s’agit d’une méthode d’observation du cycle basée sur plusieurs biomarqueurs de l’ovulation (glaire cervicale, col de l’utérus, température) reconnue par l’OMS pour sa fiabilité, et qui ne mérite que d’être davantage enseignée aux femmes qui ressentent le besoin d’arrêter les hormones et manquent d’alternative. 
Donc je ne dis pas que c’est préférable, juste que ça existe au même titre que les autres modes de contraception, et que pour les femmes prêtes à se former, c’est une approche formidable qui, en plus d’être un contraceptif efficace (quand on est formée, j’insiste !), apporte un pouvoir et une reconnexion à son corps assez incroyables ! 

Dernière question, nous entendons régulièrement qu’il y a un lien entre la pilule contraceptive et le risque de cancer du sein, qu’en penses-tu ?


Là encore ce n’est pas une opinion mais une lecture objective des choses, plusieurs études ont démontré le lien entre la pilule combinée et la hausse du risque de cancer du sein, ce n’est pas contesté. 
Ce que je regrette, c’est le manque d’information à ce sujet, notamment quand la pilule est prescrite très jeunes, à des adolescentes. Et ce n’est pas le seul effet secondaire évidemment, en éteignant les cycles, la pilule éteint aussi les fluctuations hormonales propres aux femmes, guidant notamment leur libido, leur énergie ou encore leur santé mentale. C’est cela qui m’attriste, cette méconnaissance.

Laurène, un immense merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions !


XOXO Keep A Breast




communication Charlie's