Amy, co-fondatrice du gang des crânes rasés, nous parle de son combat de triplette.

Bonjour Amy et merci beaucoup d’avoir répondu à l’appel de Keep A Breast aujourd’hui ! On est ravies d’avoir l’honneur de te poser quelques questions aujourd’hui. On te suit depuis un moment et on adore ta positivité, ta force et ton feed plein de jolies photos qui donnent du courage et qui montrent que se battre avec classe, c’est possible. Maman d’une petite Cassandra, fit-girl et plus récemment cofondatrice du gang des crânes rasés, le moins qu’on puisse dire c’est que rien ne t’arrête, surtout pas un cancer ! 

On aimerait d’abord si tu le veux bien, que tu nous racontes un peu comment s’est passé le diagnostic pour toi, du moment où tu t’es rendue compte que quelque chose ne tournait pas rond, jusqu’au moment où un membre du corps médical t’a annoncé qu’il s’agissait d’un cancer. 

Amy : Tout a commencé quand mon conjoint a senti une boule dans mon sein lors d’un rapport sexuel. J’ai tout de suite été consulter ma généraliste et j’ai passé une échographie et une biopsie. On m’a alors dit que ça devait être un kyste en fonction de mon âge et du fait que je n’avais pas d’antécédents familiaux. Celle-ci est revenue négative et je devais donc passer un contrôle 6 mois après. Heureusement 3 mois après, j’ai eu des douleurs (chaleur, picotements, coup d’électricité) dans le même sein et de plus en plus fortes. Je sentais également que la boule avait grossi. J’ai donc repassé une échographie avec biopsie en urgence et une IRM qui a mis en évidence une tumeur et non un kyste. 4 jours après, on m’a annoncé que la biopsie révélait un cancer du sein triple négatif infiltrant de grade 3.

 

Et à ce moment-là, que se passe-t-il pour toi ? Quelle a été ta première réaction et comment se sont déroulés les jours qui ont suivi ? 

Amy : Quand on vous annonce un cancer à 31 ans, c’est un véritable tsunami. Je me souviens exactement de chaque mot et de chaque réaction. J’ai commencé par trembler de tout mon corps et je disais sans cesse : “C’est un cauchemar”. Ma première question était pour ma fille car j’ai eu tout de suite peur pour elle. Les jours qui ont suivi ont été très intenses. J’ai passé une batterie d’examens et on m’a posé le port cathéter la semaine suivante pour recevoir la chimiothérapie le plus rapidement possible. On m’a également fait la biopsie des ganglions sentinels afin de savoir s’ils étaient atteints. Je me suis beaucoup focalisée sur mes proches et ma fille.

 

Tu connaissais le cancer du sein Triple Négatif ? Aujourd’hui tu l’envisages de quelle manière ? 

Amy : Pas du tout ! D’ailleurs au début j’ai uniquement entendu “Cancer du sein” et ça me suffisait (lol). Aujourd’hui, je me dis que c’est un cancer avec ses “avantages” et ses inconvénients. Qu’il y a un traitement et que si c’est pris à temps, ça devrait bien se passer. Je me bats comme si c’était un autre cancer et je reste très positive quant à ma guérison.

 

Pendant tes traitements, tu as subi plusieurs opérations ainsi qu’une chimio, leurs conséquences touchent directement à ce que la société a tendance à associer à la féminité… comment as-tu vécu cette nouvelle image de toi-même ? 

Amy : J’ai débuté par 16 cures de chimio puis 3 opérations. S’en suivront 6 semaines de radiothérapie et 6 mois de chimio orale. J’ai énormément eu de mal concernant la perte de mes cheveux mais je me disais que j’allais guérir alors il fallait en passer par là. J’ai décidé de rester fidèle à moi-même. Je savais me maquiller. Je me suis achetée une perruque en cheveux naturels. J’ai couru acheter les faux cils au cas où et j’avais effectué la retouche de mon microblading le mois d’avant donc j’étais “armée” pour. Ça ne m’a pas fait peur.

 

C’est de là qu’est née l’idée du Gang des crânes rasés ? 

Amy : L’idée du Gang des crânes rasés est née de ma rencontre avec Justine et Caroline lors d’un témoignage en visio sur le cancer du sein pour une agence de communication. Moi et Justine nous avions notre perruque et Caroline arborait fièrement son crâne rasé. On a alors discuté de ça. De notre ressenti, de ce que ça impliquait pour nos proches et notre façon d’aborder la chose. On a alors enlevé nos perruques avec Justine et Caroline nous a dit : “ ça serait trop bien de défiler dans la rue avec des tenues classes et de balancer nos perruques”. Au final, le crâne rasé c’est ce qui nous relie toutes dans le cancer du sein, ce qui est peut-être le plus difficile, et qui peut être choquant pour les gens.

 

Comme tu le sais, nous œuvrons chez Keep A Breast, pour la sensibilisation et le soutien autour du cancer du sein à travers le sport et les arts, qu’est-ce qui t’a aidé pendant ce combat ?

Amy : Ma famille et l’esprit de combativité que j’ai toujours eu depuis que je pratique le sport. Je suis passionnée de sport depuis petite : basket, natation, danse, arts martiaux, fitness, musculation, course à pied...Ce mood qui consiste à constamment se dépasser, ne jamais abandonner, se dire qu’on va y arriver, m’a énormément aidé ! C’est une véritable source d’énergie et de ressources face à la maladie.

 

As-tu des conseils à donner à toutes celles et ceux qui te liront aujourd’hui et qui se reconnaîtront dans ton parcours ?

Amy : Ne jamais abandonner et toujours croire en soi. Je me dis tous les soirs quand je me couche : “Je vais guérir”. Et quand c’était dur, que j’étais fatiguée ou que je n’allais pas bien, je me le disais 5, 10, 20 fois. Je fais partie de ces personnes qui pensent que le mental et le moral jouent beaucoup sur la guérison et que le cerveau a un rôle majeur sur notre corps.

 

Et à toutes les autres ? 

Amy : PALPEZ-VOUS chaque début de mois ! J’étais la première à me dire que ça ne m’arriverait pas. Je le faisais très rapidement sous la douche mais pas correctement. Il existe des tutos et vidéos sur internet et même l’application KAB pour cela. Je me disais que je suis sportive, que je n’ai pas d’antécédents, que j’ai une vie saine, je ne fume pas, je bois occasionnellement, je fais attention à ce que je mange, j’ai allaité pendant 4 mois et pourtant, me voilà à être incollable sur le cancer du sein (lol).

Merci infiniment Amy pour toutes tes réponses et tes conseils ! On te souhaite plein de force et de positive vibes pour la suite, tu peux toujours compter sur nous. On t’embrasse bien fort ainsi que ta chouchoute !

Lorene Carpentier