Aimée Arramon-Tucoo, co-fondatrice du Queen Classic Surf Festival

Bonjour Aimée, un grand merci de nous accorder de ton temps et d’avoir accepté de répondre à nos questions !

Serait-il possible de te présenter en quelques phrases ?

Nous sommes Margaux Arramon-Tucoo, Aimée Arramon-Tucoo et Amaya Gomis, les trois co-fondatrices du Queen Classic Surf Festival. Nous avons toutes les trois grandi en haut des marches de la Côte des Basques, bercées par les étés sous l'effervescence du Roxy Jam et la mémoire encore bien présente du Biarritz Surf Festival dont nos pères ont encore toutes les affiches exposées dans la maison. On a toutes les trois emprunté des parcours différents :  Amaya dans la direction artistique apportant au Queen ses connaissances créatives, Margaux dans le longboard classic et moi étudiante en architecture. Néanmoins, nous avons toujours gardé notre passion pour le surf, la nostalgie de nos étés adolescents et c’est de là qu'est partie notre volonté de créer le Queen, que l’on a voulu créatif, unique en son genre et engagé, regroupant 24 surfeuses internationales qui viennent en découdre avec en fond sonore Diana Ross, Rosalia ou Mary J Blige.

Tu organises la 3ème édition du Queen Classic Surf Festival lors du premier week-end de septembre, peux-tu nous en dire plus ?

Comme sur les autres éditions, on s’accorde une entière liberté sur ce festival, sur le programme, sur les sujets abordés lors des podcasts, sur la compétition. Je pense que c’est ce qui en fait notre marque de fabrique en quelque sorte. Pendant deux jours, on crée un espace spécial, où on laisse l’opportunité à des sujets parfois tabous, importants, pour lesquels aucun espace n’a jamais été accordé, de s’exprimer.

On casse les codes de ce que le “grand public” connaît du surf, avec ses clichés et ses stéréotypes. Pour reprendre une phrase d’Amaya, les surfeuses que l’on invite sont un peu les “Rosalia du surf”, loin parfois des clichés que l’on voit dans les magazines. 

Le festival c’est un peu un cadavre exquis de tout ce qui nous fait vibrer.

La troisième édition du Queen c’est pour nous l’occasion de poser vraiment les bases du Festival à savoir le côté associatif qui se veut encore plus présent cette année dans le village. On essaie de faire participer les associations de manière plus active notamment avec l’activation Keep A Breast. C’est l’occasion aussi pour nous et Keep a Breast d’organiser un “cast en live” les deux après-midi du festival et de faire peindre les bustes des surfeuses par des artistes locaux. On va aussi parler du tabou des règles avec Marguerite et Compagnie qui nous fournissent des distributeurs de produits menstruels, de l’inclusion avec le Club de surf Queer ou Etorkinekin qui œuvre à l’accueil des migrants. On met l’accent aussi sur le côté local et la culture Basque où “comment commander une bière sur un festival” peut être utile dans le coin ;) ou encore des cours de force Basque. On a aussi l’association Skate Her, collectif de skate qui organise une compétition de skate.

Côté surf, le paquet est mis sur la compétition “Invitational” et l’expression session “Board roulette” où les surfeuses tirent au sort une planche avant leur set. Sur Scène on oublie pas le déhanché sous la “safe place” du collectif La Sueur qui succède à Maraboutage et la Creole avec une performance scénique qui remue l’esprit et les fesses.

En quoi ce festival se démarque-t-il des autres ? Sera-t-il similaire aux précédentes éditions ?

Nous faisons en sorte de ne pas grandir trop vite car on aime l’ambiance du festival telle qu'elle est pour le moment, pas grand chose ne change. Les associations sont différentes mais le format SURF CONCERTS VILLAGE ASSOCIATIF ET ART reste le même :) 

Vous avez créé un podcast à cette occasion le “Disco Queen” sur lequel vous abordez « l’inclusion » peux-tu nous parler de l’importance pour toi de communiquer sur ce point dans le monde du surf ?

Le Queen pour nous c’était aussi l’occasion de créer un support une plate-forme où l’on peut débattre sur des sujets qui nous tiennent à cœur, qui font parfois polémique qui n’ont pas l’espace d’être exprimés ailleurs tout simplement. Donc c’était l’occasion pendant ces deux jours de leur créer cet espace, de donner la liberté à ces sujets d’être exprimés, de pouvoir en parler. On s’est en quelque sorte créé l’opportunité et la liberté de le faire et ça, c’est une énorme chance.

Le sujet de l’inclusion questionne les stéréotypes mis en place notamment par l’industrie du surf qui sont sources de discriminations par les images qu’ils véhiculent et qui se mettent parfois en travers de carrières. Ces stéréotypes participent donc à l'invisibilisation du spectre de toutes les autres identités, des minorités, et donnent finalement une vision biaisée de la réalité du surf aujourd’hui, qui est beaucoup plus pluriel et ouvert.  C’était donc l’occasion pour nous de donner la parole directement aux personnes concernées notamment au Club De Surf Queer qui a eu cette initiative géniale de rassembler et de mettre en avant la communauté Queer dans le surf. Sasha Jane Lowerson surfeuse australienne transgenre qui a également participé à la compétition et a pu témoigner de son histoire sous l’oreille attentive de Anne-Sophie Sayeux anthropologue qui observe depuis longtemps ce microcosme des vagues, ses hiérarchies, les processus d’intégration et de légitimation au sein du groupe. Grâce à Élisa Routa amie, autrice et journaliste qui anime et crée les podcasts avec nous, on se donne une liberté totale sur les sujets que l’on aborde pour qu’ils aient un écho au-delà du sable de la côte.

Le prochain épisode sera dédié au Top Less et à l’évolution de cette pratique depuis les années 70. Tu nous racontes ce qui vous a poussé à parler de ce sujet ?

En effet c’est le 6eme épisode de notre podcast “Disco Queen” : “Top less ou Topped ? Interdit dans la plupart des pays, le topless est pourtant omniprésent sur les plages françaises. Acte de revendication dans les années 70, quasi banal dans les années 90, pourquoi en trente ans le nombre d’adeptes a diminué de moitié ?" Ce qui nous a amenés à parler de ce sujet c’est ce constat, pourquoi cette pratique diminue ? Ça questionne l’évolution du rapport du corps féminin dans l’espace public, de la symbolique du sein, du rapport que l’on entretient avec nos corps de la manière dont les injonctions faites au corps des femmes influent sur notre rapport personnel. À l’origine du Top Less, c’était le fait de revendiquer sa poitrine comme un élément émancipateur, donc au travers de la diminution de cette pratique c’est finalement toutes ces questions d’ordre sociétal qui entrent en jeu. On ouvre le débat sur l’histoire, sur l’art, la symbolique du téton dans l’imaginaire collectif, la sociologie… Au travers de cette question qui peut paraître anodine c’est en fait un sujet super passionnant et actuel ! 

Étant pratiquantes régulières de cet espace public qu’est la plage où le corps est exposé, il était évident de parler de ce sujet.

Vous accordez une place importante à faire évoluer les mœurs sur l’acceptation de soi, c’est dans cette démarche que vous avez rencontré les équipes de Keep A Breast ?

Nous sommes supportrices de Keep A Breast depuis ses débuts, Margaux a déjà été castée plusieurs fois étant plus jeune et a également peint sur des bustes et assisté à des événements à l’international auparavant. Cela prenait totalement sens d’avoir KeepAbreast sur le Queen.

Qu’est-il prévu avec KAB sur ce festival ? Moulages, ateliers de sensibilisation ?

Cette année KAB aura un stand de sensibilisation sur le village lors du festival. Nous prévoyons une session cast des bustes des surfeuses en amont du festival et une session “cast en live” sur le festival le samedi et dimanche Après midi. Les bustes réalisés en amont par l’équipe de KAB seront peints en live sur le festival lors de ces deux jours par des artistes locaux. C’est l’occasion aussi de faire intervenir Lorène Carpentier sur le sujet Top Less lors de l'émission “Disco Queen” pour parler de Keep A Breast et évoquer le sujet du cancer du sein et du rapport au corps.

Pour Keep A Breast, le sport est un pilier de prévention, mais aussi un créateur de liens qui nous permet de sensibiliser les jeunes, notamment à l’autopalpation. En tant que sportive, tu peux nous expliquer quelle est la place du sport dans ta vie ?

Pour moi le sport est libérateur, outre les performances sportives c’est un usage du corps au service de l’esprit, ça permet de se connecter pleinement à soi. Le sport occupe une place très importante dans ma vie, ça me permet de décompresser, de mieux me connaître, de mieux connaître mon corps, d’être plus créative dans ma vie de tous les jours.

Aimée, nous te remercions d’avoir répondu à nos questions et d’avoir partagé ton histoire avec la communauté de Keep A Breast et les lectrices.


XOXO Keep A Breast







Guest User